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CHAPITRE DOUZIÈME

Victor-Emmanuel fit ce qu’il devait faire : il prorogea les Chambres jusqu’au 5 avril, puis il prononça la dissolution de la Chambre des députés. Ces violences parlementaires avaient été accompagnées à Gênes d’un véritable soulèvement. Le dépoté Brofferio s’y était retiré, il y avait retrouvé son collègue Pellegrini condamné sous le ministère précédent. Le 27, à neuf heures du soir, le tocsin avait commencé à sonner et la générale avait battu jusqu’à minuit. Le peuple assemblé devant le palais Tursi avait nommé une commission de défense qui n’était autre qu’un comité républicain. Une estafette, envoyée par l’intendant général au général de la Marmora, avait été arrêtée par le peuple, ses dépêches avaient été saisies et lues. Elles révélaient que le général avait ordre d’écraser l’émeute. L’intendant général, mandé au palais Tursi pour rendre compte de sa conduite, fut fait prisonnier. Le général de Asorta, commandant la garnison, n’osait pas faire sortir ses troupes dont il n’était pas sûr. La garde nationale, son général Avezzana en tête, et les syndics de la ville faisaient cause commune avec l’émeute. Les forts étaient occupés par une garnison mixte de soldats et de gardes nationaux, et Pellegrini, qui les remit au comité de défense, se hâta d’envoyer deux exprès à la division lombarde d’Alexandrie pour l’appeler à Gênes.