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MES SOUVENIRS

discours. Après avoir déclaré que, selon lui, la politique fondée sur la justice et la bonne foi avait été de tout temps, la meilleure, la seule qui soit utile à la longue, M. d’Azeglio dit que de nos jours c’était encore la seule possible et qu’un gouvernement, s’il n’est pas honnête et le premier à donner le bon exemple, ne saurait avoir des chances de durée. « C’est, dit-il, sur ces sentiments que le ministère a fondé sa politique à l’étranger, c’est-à-dire sur la justice et sur la loyauté. La première des justices, c’est l’indépendance et par conséquent l’honneur et la dignité nationale. Je puis assurer que dans tous les actes du ministère au dehors celle-ci a toujours été sauvegardée. La loyauté, nous l’avons prouvée en respectant la foi jurée, car je n’admets pas qu’un peuple puisse plus qu’un individu être jamais forcé à jurer, parce que plutôt que de jurer ce qu’il ne croit pas juste, ce qu’il ne croit pas pouvoir tenir, il doit périr : mais dès qu’il l’a juré il doit tenir la parole donnée. Grâce à cette ligne de conduite, l’Europe qui (nous ne pouvons pas le cacher) était prévenue contre nous s’est enfin aperçue que nous n’étions point un peuple d’anarchistes, mais bien un peuple qui voulait et savait vivre libre et indépendant. La défiance s’est alors changée en confiance, et nous pouvons tous reconnaître que notre réputation en