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MES SOUVENIRS

d’avoir rendu publique en pleine Chambre une pareille dénonciation.

M. Robert de Pralormo écrivit une lettre très digne démentant cette calomnie, et le gouvernement lui envoya, comme témoignage de sa confiance, la croix des Saints Maurice et Lazare.

Des changements de garnison ayant eu lieu à cette époque dans l’armée autrichienne en Lombardie, le bruit courut que l’Autriche concentrait des forces sur les bords du Tessin. On prétendit qu’il y avait un plan combiné entre le parti absolutiste du Piémont et le cabinet de Vienne pour renverser, soit par un simple mouvement à l’intérieur, soit à l’aide d’une intervention étrangère, les institutions constitutionnelles en Sardaigne.

On assurait que le parti rétrograde avait envoyé aux conférences de Dresde plusieurs émissaires secrets chargés d’appuyer la proposition faite par l’Autriche d’incorporer ses États italiens à la confédération allemande ; qu’une fois ce fait accompli, le cabinet de Vienne aurait toute sa liberté d’action pour entraîner le Piémont dans la sphère de sa politique et lui imposer, de gré ou de force, ses volontés. On ajoutait que le prince Eugène de Savoie-Carignan et même la jeune reine étaient à la tête d’un complot ayant pour but d’obtenir l’abdication de Victor-