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CHAPITRE DEUXIÈME

sur les contrôles de la compagnie de grenadiers du 6e régiment.

Il escortait, ainsi que le duc d’Angoulême, le roi Ferdinand VII rentrant à Madrid qui s’était placé au fond de son carrosse, en manches de chemise, ayant la reine, une princesse de Saxe, à sa gauche, et trois dames sur le devant de la voiture. À l’arrivée au palais, le duc d’Angoulême, restant immobile, le prince de Carignan alla offrir son bras à la reine pour monter les escaliers. Celle-ci prenant à la lettre la règle d’étiquette espagnole : Ne touchez pas à la Reine, s’enfuit sans regarder le prince et courut prendre le bras de son royal époux.

Ferdinand VII remit au prince de Carignan l’ordre très envié de la Toison d’or. Mais une difficulté surgit. Le lendemain on porta au prince, suivant les usages de la cour d’Espagne, une note considérable pour l’acquittement des frais de chancellerie. Le prince de Carignan n’était pas riche. — « C’est trop fort, dit-il en riant, je me suis battu pour la cause du roi Ferdinand, mais je ne suis qu’un cadet et il m’est impossible d’accepter, à ce prix, les cadeaux de reconnaissance du roi d’Espagne. » L’affaire s’arrangea ; la chancellerie de la Toison d’or dut se résigner à ne pas percevoir les droits réclamés au nouveau dignitaire de l’Ordre.