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MES SOUVENIRS

nique a été arrêté injustement parce qu’il s’occupait de rassembler les matériaux nécessaires à la canonisation d’un religieux dont les restes avaient été retrouvés dans l’égtise de Polotsk, le ministre m’a très durement réprimandé en me disant que mon devoir eût été d’informer aussitôt l’Empereur de ce fait.

« Indigné d’un pareil reproche, je lui ai répondu que je n’étais pas un espion, mais l’archevêque de Mohileff !…

« Ici, les prêtres, ajoutait-il, ont l’ordre de rêvéler au gouvernement tout ce qu’ils apprennent en confession touchant les personnes de la famille impériale. Et c’est parce qu’il y a malheureusement des hommes assez peu dignes de leur saint ministère pour obéir à cette injonction que l’on a osé tenter d’exiger de moi une pareille délation. »

On vivait ainsi au jour le jour sans aucune sécurité. J’appuyais l’archevêque de Mohileff autant que me le permettaient mes fonctions : il m’en témoignait une vive reconnaissance. « Je suis non seulement de votre avis, m’écrivait-il le 5 janvier 1853 à propos d’un conflit paroissial, pour ne rien changer dans les règlements, mais je suis prêt à supporter pendant quelque temps tous les désagréments plutôt que d’admettre le plus petit changement ; car autre-