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MES SOUVENIRS

en courroux disait le grand-duc Michel, – tenait tête à l’Empereur sur les questions d’étiquette.

Un jour, il voulut monter dans la voiture d’une demoiselle d’honneur qui sortait de l’église où son mariage venait d’être célébré. « Non, Majesté, lui dit Mme Apraxine, vous ne monterez pas dans cette voiture cela n’est pas convenable. » Et comme Nicolas riait de cette sortie faite devant toute la cour et avançait toujours, elle prit le pan de son habit pour l’empêcher de continuer sa marche, disant qu’elle ne le souffrirait pas. Ce fut l’Empereur qui céda.

À la fin de 1852, l’Empereur se plaignit vivement de la divulgation de ses préparatifs de guerre contre la Turquie. Il reprocha au comte Orloff, ministre de la police, de ne pas avoir su découvrir l’auteur de ces indiscrétions. Le comte Orloff ne se déconcerta pas : « Sire, répondit-il, c’est vous qui êtes le coupable. Vous avez tout raconté à l’Impératrice devant ses dames et demoiselles d’honneur. Celles-ci, qui ont des amis et des adorateurs, n’ont pas manqué de leur communiquer cette grande nouvelle. »

Sur ces entrefaites, le comte Pahlen, ancien ambassadeur à Paris, faisait le même récit aux jeunes grands-ducs Nicolas et Michel. À peine était-il sorti