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CHAPITRE QUATRIÈME

de la princesse de Liéven, il entra dans son cabinet, et, s’étant aperçu à la couleur du papier de qui elle provenait, il fit un geste brusque d’humeur et se retira en s’écriant « Ah c’est encore du mauvais papier vert ! »

Le grand-duc héritier passait pour être, de toute la famille impériale, le plus favorable à la France.

Un de ses amis d’enfance me disait qu’il s’intéressait beaucoup à tout ce que faisait le Prince Président, qu’il était très curieux de savoir tout ce qui se rapportait à lui, et qu’il lisait attentivement toutes les dépêches qui arrivaient de Paris. Il lui demanda de lui faire venir la médaille militaire que le Prince avait créée pour l’armée. Cet ami me disait encore que souvent, dans ses épanchements affectueux, le grand-duc lui confiait ce qu’il comptait faire quand il serait empereur ; qu’il voulait se mettre dans les meilleures relations avec la France, comprenant le grand avantage qu’il y aurait pour les deux pays à une alliance sincère ; il déclarait aussi qu’il se montrerait contraire à toute persécution contre les catholiques.

Le grand-duc avait non seulement des idées à lui sur la politique européenne, mais il se préoccupait également des plus petits détails qui regardaient sa future armée ; il gardait chez lui les dessins des