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MES SOUVENIRS

Finlande, s’étant révoltés à l’occasion du refus d’une chaire qu’ils avaient demandée, l’Empereur envoya son fils dans cette ville, muni des pouvoirs les plus étendus. On s’attendait à voir les coupables exilés en Sibérie ; mais le grand-duc, s’étant rendu à Helsingfors, se présenta seul au milieu des étudiants et, leur parlant avec douceur, les engagea à rentrer dans le devoir.

« Vous me chagrinez, leur dit-il ; je vous demande de suivre mes avis ; ayez confiance en moi, et que toute discorde cesse à l’instant parmi vous. »

Les étudiants, voyant tant de noblesse, se calmèrent aussitôt, et le prince, pendant tout le temps qu’il resta à Helsingfors, reçut les témoignages les plus sympathiques de la part de la population, ce qui lui permit à son départ d’accorder aux étudiants la faveur qu’ils désiraient.

L’Empereur n’était point jaloux de son fils, comme il arrive parfois aux souverains de l’être à l’égard de leurs héritiers ; le grand-duc mettait d’ailleurs le plus grand soin à ne pas lui en donner occasion. L’Empereur avait grande confiance en lui ; il disait à une personne qui lui rendait visite, avant son départ pour le midi de l’Empire : « Je suis bien occupé ; il faut que je mette de l’ordre dans mes papiers, que je les renferme, car, pendant mon