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MES SOUVENIRS

Il était très aimé, n’ayant pas le caractère violent et emporté de son père. Obligeant et bon, il savait toujours dire à chacun une parole aimable, et il tempérait autant qu’il le pouvait l’extrême sévérité de Nicolas Ier. Un soir, rencontrant dans la rue un officier qui fumait, il alla à lui et, l’appelant par son nom, il lui dit : « Tu sais bien qu’il est défendu de fumer dans les rues de Pétersbourg. Pourquoi te mettre dans le cas d’être sévèrement puni ? Rentre chez toi pour y fumer ; mais que je ne te rencontre plus en faute. »

J’ai été présenté à la princesse Tcherbatoff, dont la fille avait épousé le frère d’Aloys de Rayneval. Cette alliance assurait chez elle un accueil distingué et bienveillant aux membres de l’ambassade française. Elle habitait une maison construite dans le parc de Pavlovski, ancienne propriété de l’empereur Paul, servant en 1852 de résidence au grand-duc Constantin. J’y ai dîné avec le comte Panine, ministre de la justice, descendant du fameux comte Panine, et avec le comte Tolstoï, écuyer de l’empereur Nicolas, dont le père était traité avec une grande amitié par l’empereur Alexandre Ier.

Les circonstances de la mort de l’empereur Paul ne sont plus un secret pour personne ; il a été étranglé. Détesté pour sa tyrannie, il craignait une