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CHAPITRE QUATRIÈME

avait assisté sans le comprendre. D’après les chroniques du temps, la vérité serait celle-ci :

Après une lutte assez violente dans laquelle Paul Ier, déjà blessé, fut renversé par terre, Plato Suboff, courbé sur l’Empereur, se retourna vers le général de Bennigsen et dit : « Bennigsen, l’écharpe ! » M.  de Bennigsen remit alors son écharpe à Suboff et ajouta ces paroles : « Achevez-le ! » Ce fut au moyen de l’écharpe aux couleurs de la Russie que Paul fut étranglé. Le général de Bennigsen assista jusqu’à la fin à ce drame horrible : à plusieurs reprises, il avait, pendant l’accomplissement du crime, soutenu la résolution des conjurés dont la plupart venaient de puiser du courage dans les fumées de l’orgie. Le comte de Bennigsen et le comte Pahlen étaient les seuls qui eussent conservé leur raison entière.

M.  de Bennigsen, d’origine hanovrienne, se retira dans le Hanovre. À sa mort, M.  de Schroder, ministre de Russie près les cours de Dresde et de Hanovre, se rendit à Hanovre et obtint de la veuve du général la remise du manuscrit de ses Mémoires en échange d’une pension de 6,000 roubles réversible sur ses enfants.

L’empereur Nicolas a fait élever une statue à son père au château de Gatchina. Il parlait rarement de