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MES SOUVENIRS

même temps, Mianowsky faisait des frictions sur le cœur du duc, jetait de l’eau froide sur son visage, tandis que Fischer réchauffait son corps et ses pieds. Mais ce fut inutile ; l’autopsie démontra que le duc ne pouvait plus vivre ; il avait quatre petites artères ouvertes dans une caverne du poumon. Voyant que le duc était perdu, on chercha à écarter la grande-duchesse, mais celle-ci montra un courage admirable, ne voulant pas quitter un instant son mari, et s’écriant « Je resterai jusqu’au moment suprême ! »

Aussitôt que le duc eut rendu le dernier soupir, la grande-duchesse Marie fut prise d’une attaque nerveuse, puis, reprenant l’usage de ses sens, elle se jeta tout en larmes à genoux devant le lit de son mari, et, serrant la main du duc, elle la couvrit de baisers.

Ce ne fut qu’avec une peine extrême que l’on parvint à l’arracher de la place où elle était. Pendant ce temps, la famille impériale, avertie de la mort du prince, était accourue au palais. Il était alors deux heures et demie du matin. L’Empereur entra dans la chambre du prince défunt en tenant sa fille dans ses bras, et, après avoir déposé un baiser sur le front du duc, il éloigna de nouveau sa fille de cette scène déchirante.