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MES SOUVENIRS

En arrivant en Piémont, j’avais rencontré à Suse les enfants légitimes du Roi, envoyés au fort d’Exile et à l’hospice du mont Cenis pour faire de là des excursions dans les montagnes. Le prince Humbert, héritier de la couronne, avait eu dix ans le 14 mars 1854 : il était fort et bien portant. Son gouverneur était le général Rossi, ancien aide de camp de Charles-Albert avec qui j’étais allé au quartier général de Radetzki lors de la reddition de Milan. Le prince Amédée, duc d’Aoste, avait au contraire une santé délicate. On le disait beaucoup plus intelligent que son frère aîné. La princesse Clotilde, âgée de onze ans, promettait de devenir fort belle ; elle avait la gracieuse tournure de sa mère ; ses traits rappelaient en beau ceux de Victor-Emmanuel. Elle passait pour avoir un caractère froid et réservé ; sa sœur, la princesse Marie, âgée de six ans, était très grande, gracieuse, gaie et bon enfant. Le petit prince Odon, âgé de huit ans, n’était pas à Suse ; il était en ce moment fort malade à Turin et soumis à un traitement désespéré, auquel il pouvait succomber s’il n’était pas guéri dans un an. Le pauvre enfant avait le sang vicié, une épaule plus haute que l’autre ; il ne marchait qu’avec des béquilles. À la suite d’une consultation, le plus fameux médecin du Piémont, Riberi, qui avait toute la confiance de la Reine, avait