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MES SOUVENIRS

grande partie de la population avait abandonné la ville ; dans les rues, on ne rencontrait plus quelques passants consternés, marchant rapidement et tenant leurs mouchoirs à la bouche pour se garantir des émanations pestilentielles.

Le Roi et sa suite ne voulurent prendre aucune précaution afin d’encourager la population terrifiée par le fléau et lui donner confiance.

À l’une des audiences que me donna Victor-Emmanuel il me parla de la guerre d’Orient et m’exprima son désir d’y prendre part personnellement, disant aimer passionnément la vie des camps et être heureux à la pensée de se retrouver sur un champ de bataille. J’en fis part à l’Empereur.

J’étais établi au Lingot, propriété de la famille de Robilant, qui y recevait de fréquentes visites. J’y vis le général de Biscarretti, gouverneur militaire de l’île de Sardaigne, qui avait épousé une Française, Mlle de Breteuil. Les anciens usages et les vieux costumes sont fidèlement conservés dans l’île. Le clergé y est très inférieur. Dans la meilleure compagnie il y a beaucoup de laisser aller ; par exemple, les dames relèvent leurs jupes et se grattent les jambes pour se défendre contre la piqûre des puces, qui sont en Sardaigne un véritable fléau.

La fête de l’Empereur, célébrée à Turin par les