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CHAPITRE HUITIÈME

sitôt ce fait à la comtesse de Münster. Quelque temps après, M. de Tetenborn, officier autrichien au service de la Russie, étant venu diner chez lui, lui dit qu’il reconnaissait cet appartement où il était venu bien des fois quand il était occupé par un de ses amis, secrétaire de l’ambassade d’Autriche. « Tenez, ajouta-t-il, c’est dans ce cabinet en forme de véranda attenant au salon que son chasseur s’est pendu. » La comtesse de Münster faillit se trouver mal ; c’était là, en effet, qu’à trois reprises différentes un chasseur avait apparu à son mari à la veille de grands événements.

On rappelait encore qu’au bal donné par l’Impératrice à Gatchina, lors du mariage de M. de Ribeaupierre avec la princesse Treubetskoï, une des dames d’honneur, Mlle Catherine de Tissenhausen, s’étant retirée dans son appartement, aperçut au pied de son lit la figure d’un homme qui l’avait beaucoup aimée et qui la regardait avec une expression de profonde tristesse ; la tête était entourée d’une chaîne d’or. Ayant eu occasion de raconter ce fait, sans nommer personne, au comte Tolstoï, celui-ci s’écria : « Je sais de qui vous voulez parler. Je reconnais à la description que vous venez de faire un de mes amis qui s’est suicidé ; il a voulu être enterré avec une chaîne d’or donnée par une femme qu’il aimait