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CHAPITRE PREMIER

ministre d’Angleterre, sir Hamilton Seymour, et sa famille. Un des préjugés de l’empereur Nicolas, que l’avenir ne devait pas tarder à démentir, était l’impossibilité qu’une entente s’établit entre la France et l’Angleterre. Sans que la politique y fût pour rien, ma liaison avec sir Hamilton-Seymour devenait chaque jour plus étroite. Sa femme et ses deux charmantes filles me firent le meilleur accueil. Sir Hamilton, homme d’esprit et de cœur autant qu’habile diplomate, causeur fin et aimable, connaissait à fond le passé et le présent de la Russie.

Il voulut bien me servir de guide dans le monde de Saint-Pétersbourg, et, pour mieux m’éclairer sur la politique actuelle du Tzar, il se plut à me faire suivre pas à pas dans des récits intimes la marche envahissante de la Russie depuis Pierre le Grand et Catherine II. Il me montra comment par la possession de la Crimée, de la Bessarabie et des bouches du Danube, elle s’était frayé un chemin vers Constantinople, comment par le protectorat des principautés danubiennes et de la Serbie, par l’influence exercée sur les populations slaves de l’empire turc dont sa politique éveillait et entretenait habilement les sympathies, elle serrait la Porte de plus en plus près.

Par une heureuse rencontre, sir Hamilton Seymour était depuis de longues années fort attaché à la