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MES SOUVENIRS

je ne veux plus qu’il en soit ainsi. J’ai demandé deux cent cinquante millions, je rendrai le reste, sauf à faire un nouvel emprunt si le premier est insuffisant. Avant tout, il faut tenir la parole donnée. »

Charmante soirée le 6 avril chez M. de Morny, dans son délicieux hôtel de l’avenue des Champs-Élysées, — tout à côté de celui de Mme Le Bon, — la niche à Fidèle, disaient les mauvais plaisants.

Lord Raglan et le duc de Cambridge ont traversé Paris, se rendant en Crimée. Une magnifique revue eut lieu au Champ de Mars en leur honneur. Il a été décidé que les troupes anglaises ne passeraient pas par Paris : on en a donné diverses raisons. On craindrait, disait-on, que les soldats anglais, tentés par le bon marché du vin, si cher dans leur pays, se laissassent entraîner à s’enivrer. En outre, un grand nombre de régiments ont sur leurs selles et sur leurs effets d’habillement et d’équipement soit un W, soit le nom entier de Waterloo, ce qui ferait très mauvais effet vis-à-vis de la population parisienne.

Au dîner donné aux Tuileries, le duc de Cambridge, à qui l’on demandait quelle serait la durée de son séjour à Paris, répondit modestement en désignant lord Raglan : « Je suis sous les ordres de milord. »