Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
MES SOUVENIRS

matin. L’Impératrice voutut en goûter, en fit apporter, et, en en mangeant avec beaucoup d’appétit et de gaieté, elle oublia son premier projet.

Le vieux roi Jérôme profita du départ du prince Napoléon pour l’Orient pour faire venir à Paris son fils aîné, né de son mariage avec Mlle Paterson. Il avait lui-même un fils ; tous deux portaient en Amérique, où ils étaient fort estimés et appréciés, le nom de Paterson. Le jeune homme, de haute mine et fort intelligent, montait à cheval avec son père au bois de Boulogne, où l’un et l’autre faisaient sensation. Le fils fit dans l’armée française une partie de la campagne de Crimée. Je me suis lié avec lui et je le voyais souvent à Paris, où tout le monde le recherchait comme un jeune homme distingué, bon et aimable.

J’allai passer en Piémont les étés de 1854 et de 1855. Dans l’intervalle, j’habitais ma propriété du Breuil où j’avais entrepris de grands travaux de restauration. Je conservais à Paris un pied-à-terre, place de la Madeleine. Le Breuil avait été jadis une célèbre abbaye royale fondée en 1137 par une colonie des moines de Vaux-de-Cernay ; elle comprenait une église d’une architecture très élégante, qui avait été ruinée par la Révolution. Un des abbés du Breuil et de Vaux-de-Cernay, Thibaut de Marly, de la mai-