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CHAPITRE HUITIÈME

manuel par le comte Sanjuste, chevalier d’honneur de la feue reine.

L’étiquette des funérailles royales en Sardaigne est des plus minutieuses et parfois étrange. Lorsque le roi Victor-Emmanuel Ier mourut à Moncalieri, il fut placé assis dans son carrosse, revêtu de l’uniforme de colonel des gardes. Deux prêtres se tenaient à ses côtés. Le capitaine des gardes et toute la cour l’accompagnèrent ainsi à Turin jusqu’au palais Madame. Le Roi y fut exposé pendant trois jours, et le service de sa cour continua à se faire en sa présence. On venait lui annoncer, comme s’il était encore vivant, son déjeuner, son dîner, dire que les voitures étaient prêtes. Le roi Charles-Albert avait aboli ces usages, en disant qu’il ne fallait pas jouer avec les morts.

Pour la reine Marie-Thérèse, la chambre mortuaire ayant été disposée, le corps fut gardé jour et nuit par deux dames et deux gentilshommes de la cour, un aumônier, trois clercs et deux dames de la feue reine. À la porte étaient placés deux gardes du corps. Cette garde était relevée toutes les deux heures par des personnages du même rang. Le 13, à cinq heures du soir, le ministre des affaires étrangères, notaire de la couronne, vint constater le décès. Le notaire du ministère lut alors l’acte, qui fut signé dans la