Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
278
MES SOUVENIRS

tous les bienfaits. Jamais deux reines n’ont été plus admirées, ni plus regrettées, et jamais aussi il n’en fut de plus dignes de regrets.

J’ai écrit à mon gouvernement et n’ai pas manqué de mettre aux pieds de Sa Majesté toute la reconnaissante sympathie que vous éprouvez pour sa douleur.

Veuillez agréer, cher comte, l’expression de mes sentiments très distingués et reconnaissants.

Tout à vous.
De Villamarina »

J’assistai l’hiver à toutes les fêtes de la cour aux Tuileries ; des invitations trop nombreuses les transformaient souvent en terribles cohues.

Le 10 janvier, M. Drouyn de Lhuys donna un grand dîner auquel assistaient de nombreux personnages étrangers, lord John Russell, le feld-maréchal Nugent, M. de Hubner, le prince Poniatowski. J’étais placé à côté de M. de Persigny, qui se plut à me raconter ses souvenirs du coup d’État. Le bruit en courait plusieurs jours auparavant. La veille même, à la séance de l’Assemblée, le comte Roger aborda M. de Persigny : Il parait, dit-il, que vous allez faire un grand coup ? Si je suis mis en prison, faites-moi relâcher. Tout en protestant qu’il n’en était rien, M. de Persi-