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CHAPITRE HUITIÈME

abandonner du jour au lendemain la politique de son père, mais peu à peu ; il avait un désir réel de terminer ce conflit. L’empereur Nicolas était pour beaucoup de souverains d’Allemagne une sorte d’épouvantail ; sa disparition devait les disposer à se rapprocher de nous, ce qui était de nature à éviter bien des complications.

Ayant rencontré en octobre 1855, à Bayeux, le docteur Patenotre, qui m’avait soigné à Saint-Pétersbourg lorsque j’avais été atteint de la petite vérole, il me dit que l’empereur Nicolas était certainement mort de la peine que lui causa la mauvaise tournure prise par les événements politiques de 1854, et que dans les derniers temps de sa vie il semblait quelquefois égaré, s’emportant pour les choses les plus futiles. L’impératrice mère était d’une constitution fort délicate ; elle fut assez gravement malade pour inquiéter la cour durant son séjour à Gatschina : aussi toutes ses dames d’honneur étaient-elles en mouvement dans la résidence impériale, courant çà et là dans les corridors du palais pour se communiquer les nouvelles de l’auguste malade. Mme de Tissenhaussen, sœur de la comtesse de Fiquelmont, et la princesse Troubetskoi ayant été rencontrées par l’Empereur dans une des salles voisines de l’appartement de l’Impératrice, il leur dit en colère : « Où