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CHAPITRE HUITIÈME

pourvu que je puisse te remettre la Russie organisée, heureuse et tranquille. » La Providence en a décidé autrement, et feu l’Empereur, dans les dernières heures de sa vie, me dirait encore « Je te remets mon commandement, mais pas, à mon regret, dans l’ordre que je désirais ; je te laisse beaucoup de peines, beaucoup de soucis. » Je lui répondis, nous nous sommes toujours tutoyés l’un l’autre : « Tu prieras Dieu certainement là-bas pour la Russie et afin qu’il me vienne en aide. » – « Oh certainement je le ferai », me répondit-il. Et j’en suis persuadé, parce que son âme était une âme pure. Dans cet espoir, sur les prières de mon inoubliable père et dans la conviction de l’assistance de Dieu sur laquelle j’ai toujours espéré et espère, je monte sur le trône de mon père. » Ensuite Sa Majesté faisant le signe de la croix ne put parler pendant quelques instants, en proie à une vive agitation intérieure, puis il continua : « Rappelez-vous, messieurs, que le conseil de l’Empire est l’institution la plus élevée de l’Empire et que, par cette raison, il doit donner l’exemple de tout ce qui est noble, utile et honnête. Feu l’Empereur, dans les derniers instants de sa vie, en me remettant ses volontés sur différents objets de l’administration de l’Empire, m’a chargé de remercier les membres du conseil pour leur service zélé, non seulement