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MES SOUVENIRS

éprouvée. Ces espérances acquirent une nouvelle force au commencement de cette année, quand la mort visita quatre fois, coup sur coup, la famille royale et enleva au Roi sa mère, sa femme, son frère et un de ses enfants. Il paraissait impossible que ces épouvantables malheurs accumulés en si peu de temps l’un sur l’autre ne fussent pas regardés par Sa Majesté comme un avertissement venu d’en haut pour la ramener par l’adversité aux sentiments de ses devoirs de roi. On assurait déjà qu’elle avait vu le doigt de Dieu dans ces catastrophes et que, bien résolue de briser avec sa vie passée, elle allait non seulement réformer sa conduite, mais encore reprendre l’exercice de son autorité souveraine pour mettre un terme aux funestes tendances de son gouvernement et à la démoralisation du pays qui en est la conséquence. On se confirma dans cette opinion lorsqu’on sut que c’était lui qui avait exigé que la discussion de la loi sur les couvents fut suspendue au Sénat, qu’il était tout disposé à accepter sur cette question les bases de l’arrangement proposé par les évêques du Piémont au nom de la cour de Rome, et qu’il n’avait pas hésité à accepter la démission du cabinet afin de rendre cet arrangement possible. L’illusion fut de courte durée. Le Roi, ennuyé des difficultés que rencontrait la formation d’un nouveau