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CHAPITRE PREMIER

pour jouir du spectacle. M’approchant peu à peu, j’avais fini par être très près du cheval de l’Empereur, qui avait à côté de lui ses deux plus jeunes fils. Nicolas Ier était en face de l’Impératrice, à vingt pas environ, assez près pour lui adresser quelques paroles auxquelles elle répondait par des signes de tête. « Voyez, lui disait-il, le soleil qui étincelle sur les cuirasses des chevaliers-gardes qui s’approchent pour défiler. » Puis, s’inquiétant avec sollicitude de la fatigue qu’elle pouvait éprouver, il ajouta : « Ne souffrez-vous pas trop de la poussière ou du vent ? Est-ce supportable là-haut ? Cela va être bientôt terminé : prenez patience. » Il faisait extrêmement froid, cependant tout le monde devait rester découvert. Un individu dans la foule ayant mis son chapeau. l’Empereur lui-même l’apostropha à haute voix, en disant : « Qui ose mettre son chapeau devant moi ? » L’imprudent ne se le fit pas dire deux fois ; il s’empressa de se découvrir.

En l’honneur du prince Frédéric de Prusse, très blond, pâle, à la physionomie très douce, fils du prince royal — le futur empereur Frédéric III — qui assistait à la revue, Nicolas Ier portait le grand cordon de Prusse ; il avait dans son état-major le général de Wrangel, le ministre de Prusse M. de Rochow, et M. de Mensdorff-Pouilly.