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CHAPITRE NEUVIÈME

lent son attention sur elle. La maison de Saxe ayant fait preuve dans un autre temps d’un grand attachement pour la France, ne serait-il point d’une bonne politique de raviver ces souvenirs en contribuant à la réussite d’un projet qui pourrait lui être agréable ? Je le souhaite bien personnellement pour l’honneur du Roi auquel je suis resté profondément attaché. On pourrait espérer que la nouvelle reine ferait passer dans l’âme de son mari l’énergie et la force qui lui manquent, dirigerait les bonnes inspirations de son cœur, marquerait un meilleur but à sa loyauté. Les choses changeraient alors de face, car pour longtemps encore, je le répète, la volonté du Roi sera toute-puissante dans les États sardes, surtout s’il est le premier enfin dans ses États à donner le bon exemple du respect chrétien des mœurs en famille.

Ces projets de mariage me rappellent que sur la demande de Massimo d’Azeglio, alors président du conseil, j’ai eu l’occasion autrefois, pendant que j’étais chargé d’affaires à Turin, de rendre un grand service au Roi qui s’était compromis pendant la guerre avec une dame française, son alliée, qui avait gardé sa correspondance la plus désordonnée. Je n’ai jamais voulu la lire ; mais je l’ai connue par Massimo d’Azeglio qui me remit le billet par lequel Victor-