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CHAPITRE ONZIÈME

cheval et de payer de ma personne, je trouvais un homme qui, sous prétexte de « responsabilité », me refuserait ce que je demanderais ? Je ne veux pas être mise en tutelle. Qu’on rende à M. de Marnésia sa lettre de démission, qu’il la déchire, mais qu’on lui dise en même temps que le plus grand fou que nous ayons vu aujourd’hui n’est pas celui que j’ai rencontré dans le jardin des Tuileries. » Cette histoire fit grand honneur à l’Impératrice ; elle prouvait une fois de plus que dans un cas donné on pouvait compter sur l’énergie qu’elle a bien montrée depuis.

La grande-duchesse Stéphanie de Bade revint aux Tuileries au printemps de 1857. Nous assistâmes le 18 avril à un dîner donné en son honneur. L’Impératrice, toujours très charitable, soutint à plusieurs reprises l’opinion qu’il fallait trouver quelque moyen d’abaisser le prix de la viande pour en rendre la consommation accessible aux ouvriers qui en ont besoin pour supporter leurs durs travaux. Elle me demanda si j’avais mangé des viandes conservées qu’on faisait venir de Crimée. Tout en faisant l’éloge de la sobriété des Espagnols, elle insista sur la nécessité de vendre la viande beaucoup meilleur marché pour que le peuple put en manger suffisamment. Son nouveau portrait par Winterhalter me parut fort beau ; elle y était représentée en robe