Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
362
MES SOUVENIRS

ne pas assister à cette représentation et disant qu’il était sur la trace des coupables. L’Empereur lui répondit de prendre ses mesures, mais qu’il était résolu à y aller. L’Impératrice, toujours énergique, ajouta qu’il ne fallait pas avoir l’air de craindre, qu’il fallait au contraire se faire voir. La salle était comble ; la surveillance de la police empêcha cette fois la mise à exécution du complot. Mais l’année suivante, le jeudi 14 janvier 1858, l’attentat ajourné se produisit à l’Opéra ; les assassins étaient Orsini sous le nom d’Allsop, Pieri, Rudio et Gomez. À l’explosion de la première bombe d’Orsini, l’Impératrice se jeta sur l’Empereur en lui demandant s’il était blessé. Ce mouvement la sauva, car un fragment de la seconde bombe troua la voiture à la place même où était sa tête un instant auparavant. « Ah ! cela ne finira donc pas ? » s’écria-t-elle au moment où éclatait la troisième bombe. Le gaz s’était éteint ; une obscurité profonde régnait dans la rue. Les cris et les gémissements des victimes, les pavés couverts de sang, les cadavres des chevaux rendaient ce spectacle navrant.

Ce soir-là ma bette-mère, Mme  de Sancy, accompagnait l’Impératrice avec le général Roguet, aide de camp de service. Elle se trouvait avec Mme  de Rayneval et le général Rollin dans la troisième voi-