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MES SOUVENIRS

avait oublié qu’un diplomate doit par une sage réserve conserver de bons rapports avec toutes les influences qui peuvent tour à tour s’exercer dans les pays où il est accrédité. En France même M. de Persigny, qui avait un grand ascendant sur l’Empereur, était souvent un embarras pour lui. Il aimait à donner des conseils et Napoléon iii n’était pas d’humeur à en recevoir. L’ancien ambassadeur, qui avait la parole facile et qui osait beaucoup, se répandit en récriminations amères contre le comte Walewski avec qui il était depuis longtemps en rivalité.

Le nom de Malakoff qui avait été conféré au maréchal Pélissier avec le titre de duc était, parait-il, celui d’un simple bourgeois de Sébastopol qui possédait une maison de plaisance au lieu où fut élevée plus tard la fameuse tour dont la prise avait coûté tant de sang.

L’Impératrice s’intéressait beaucoup au sort des condamnés Orsini, Pieri et Rudio ; elle eût voulu obtenir leur grâce. C’était également l’avis de Piétri, préfet de police, dans l’intérêt même de la sûreté de l’Empereur. Le comte Walewski contremanda un bal masqué qu’il devait donner le jour de leur exécution[1].

  1. Le 13 mars 1858, Pieri et Orsini furent conduits au dernier supplice.