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CHAPITRE DOUZIÈME

du Piémont lorsque la guerre éclaterait. Cavour dut le contenter d’abord de promesses un peu vagues, et peu à peu, avec une peine extrême, il décida le Roi à consentir à cette union, ce qui coûtait infiniment à Victor-Emmanuel. Pendant ces pourparlers, la France témoignait de plus en plus une vive sympathie au Piémont, et elle exprimait ouvertement son intention de soutenir ce pays dans la guerre qui paraissait imminente. À Turin on était inquiet bien des personnes se demandaient si M.  de Villamarina, pour flatter le premier ministre, n’exagérait pas singulièrement le bon vouloir de l’Empereur. Les projets de mariage restèrent secrets entre l’Empereur, le Roi et le comte de Cavour. La lettre autographe, confidentielle, que le comte de Cavour écrivit de Bade à Victor-Emmanuel le 24 juillet 1858, après l’entrevue de Plombières, a été publiée par M.  Giacometti[1]. Elle montre quels arguments le tenace ministre employait pour vaincre la résistance du Roi.

L’Empereur n’a pas mis du mariage de la princesse Clotilde avec son cousin une condition sine qua non de l’alliance, mais il a fort clairement manifesté qu’il tient ce mariage fort à cœur. Si le mariage ne se fait pas, si Votre Majesté refuse sans motifs plau-

  1. La question italienne. — Période de 1814 à 1860