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CHAPITRE TREIZIÈME

extrêmement l’Empereur. « Je n’aime pas, disait-il lui-même, à résister à l’Empereur. » C’était un spécialiste, administrateur médiocre ; mais quand les intérêts de la France étaient en jeu, il savait les défendre avec beaucoup de finesse et d’indépendance[1].

Sur la demande que lui fit l’Impératrice pour donner satisfaction au désir de Mme de Sancy, l’Empereur, après une longue conversation avec le maréchal Vaillant, lui dit sans s’expliquer davantage : « Le 6e hussards est en marche, n’est-ce pas ? » Le maréchal Vaillant, croyant voir dans cette question l’expression d’un désir de l’Empereur, s’empressa de lui répondre qu’il avait donné des ordres pour le départ du régiment, et qu’il ne doutait pas qu’il n’eût déjà quitté Tours. L’Empereur lui dit : « Je veux le savoir d’une manière certaine. » Le maréchal écrivit sur un chiffon de papier ces mots au crayon : « Écrivez-moi que le 6e régiment de hussards a reçu l’ordre de quitter Tours. » Il remit ce billet plié en quatre au général de Béville, qui était dans le salon d’attente, avec prière de le renfermer dans une enveloppe et de l’adresser à son officier d’ordonnance au

  1. V. Camille Rousset, Histoire de la guerre de Crimée, t. II, p. 292 et suiv. ; général Canonge, Histoire et art militaires (en cours de publication), t. II, p. 62, 63 et 98.