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CHAPITRE II

LA QUESTION D’ORIENT.

La société russe. — Mauvais accueil fait par la cour de Russie au projet de rétablissement de l’empire. — Retour de M. de Kisselef. — Départ du prince Auguste de Wurtemberg..


La maison du comte et de la comtesse Strogonoff restait ouverte pendant tout l’été. Le comte Strogonoff, qui, après avoir été page de l’impératrice Catherine, avait été ambassadeur en Espagne et en France, était âgé de quatre-vingt-cinq ans ; il était aveugle. Sa femme, âgée de soixante-cinq ans, recevait tous les soirs dans une magnifique maison de campagne, aux Îles ; son salon était le rendez-vous du corps diplomatique. Le vieux comte Strogonoff, malgré son grand âge, était fort intéressant ; la comtesse faisait avec une grande amabilité les honneurs de sa maison. Dès mon arrivée, j’y fus invité à un dîner de trente couverts. Mon voisin, le comte de Traun, secrétaire de la légation d’Autriche, me parla de Kossuth, intendant d’un de ses oncles en Hongrie.