Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/102

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Relation Hiſtorique


triſte ſort de Marſeille, ou ſoit que l’on ne crût que foiblement la peſte, ou ſoit que l’embarras d’une grande Ville ne permît pas de pourvoir à tout en même tems, on a attendu de prendre les meſures convenables contre la contagion, que la neceſſité les déterminât.

Les Medecins qui prévoyoient de loin les ſuites de cette maladie, & qui par la violence qu’elle exerçoit ſur chaque malade en particulier, jugeoient de celle de la conſtitution generale du mal, ne manquerent pas d’inſpirer d’abord aux Magiſtrats toutes les précautions qu’on a coûtume de prendre en pareil cas. Ils leur inſinuerent de former un Conſeil de ſanté, compoſé des perſonnes les plus diſtinguées par leur rang, & de quelques principaux Citoyens, pris de divers Etats ; mais les Echevins craignirent le trouble de la multitude, diſant qu’ils ne vouloient pas faire une hâle de l’Hôtel de Ville : c’eſt ainſi qu’ils s’expliquerent. Les Medecins leur offrirent encore de reſter, un auprès d’eux pour le Conſeil, parce que dans le cours d’une contagion, il