Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/104

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Relation Hiſtorique


rable, pour n’être pas bien reçûë. Les autres Medecins avoient été rejettés comme ces Prophetes, qui n’annonçoient que des choſes triſtes ; celui-ci eſt bien reçu, parce qu’il prédit des choſes agreables. Ce Medecin propoſa donc d’allumer un ſoir de grands feux dans toutes les Places publiques, & au tour de la Ville, qu’en même tems chaque particulier en fit un devant la porte de ſa maiſon, & qu’à commencer du même jour, & pendant trois jours conſecutifs, chacun fit à la même heure, à cinq heures du ſoir, un parfum avec du ſoûfre dans chaque apartement de ſa maiſon, où il déployeroit toutes ſes hardes, & tous les habits qu’il avoit porté depuis que la contagion avoit paru.

Quoique ce moyen de faire ceſſer la contagion ne ſoit ni nouveau, ni fort ſingulier, & que l’hiſtoire d’Hypocrate ne ſoit ignorée de perſonne, la confiance avec laquelle ce Medecin le propoſa, & l’eſpoir de voir bientôt finir un mal, dont on commençoit à redouter les ſuites, le firent recevoir. On ſe met en état d’e-