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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/165

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de la peſte de Marſeille


de étoit reſſerré, & où l’on étoit dans une méfiance réciproque. Un accouchement eſt bien plus difficile & plus laborieux, quand la femme en fait ſeule tout l’effort : nous laiſſons juger de tous les autres ſoins & embarras d’une femme qui eſt obligée de ſe ſoigner elle & ſon enfant, ou qui n’a auprès d’elle que des hommes & des perſonnes tout-à-fait neuves à cet exercice. L’embarras étoit bien plus grand pour celles qui accouchoient avant le terme. Mais c’étoit une eſpece de déſeſpoir pour celles qui accouchoient dans le mal. Nulle amitié, nulle compaſſion, nulle charité aſſez forte pour mettre quelqu’un au-deſſus des frayeurs qu’inſpire le peril de recevoir des vapeurs infectées, & de toucher à ce qui ſort d’un corps peſtiferé : elles meurent dans l’incertitude de leur propre ſalut, comme le reſte des hommes, & aſſûrées de la perte de celui de leur enfant. Une de ces femmes qui ſe trouvoit dans ce penible cas, ſe ſentant aſſez de force pour demander du ſecours pour ſon enfant, mais non pas pour aller elle-même prendre l’eau pour le baptiſer,

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