Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
Relation Hiſtorique


dans l’eſprit des Lecteurs, je ne ſçai même s’ils ne regarderont pas ce que j’en ai dit comme des exagerations d’une perſonne affligée, qui veut attendrir les autres ſur ſes malheurs. Quelque vive que ſoit la deſcription que j’en ai faite, j’oſe aſſûrer qu’elle eſt infiniment au deſſous de la realité ; & ce qu’il y a de plus pitoyable, c’eſt que ces déſolations particulieres ſe préſentoient vingt fois le jour dans les differentes maiſons où l’on entroit. La vûë de tant de miſeres devenoit encore plus touchante par les cris, les pleurs, les plaintes, & les hurlemens dont ces maiſons retentiſſoient jour & nuit. Sortons de ces lieux affligés, pour aller parcourir la Ville, où nous trouverons des objets encore plus touchants & plus affreux.