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Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/175

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de la peſte de Marſeille


dans une ſeule Place, toutes celles de la Ville en ſont remplies ; le Cours, qui eſt l’endroit le plus riant & la promenade la plus agréable, où nos femmes venoient étaler leur vanité & leur luxe, en eſt plus couvert que les autres Places. Ils s’y mettent à l’ombre des arbres, & ſous les auvens des boutiques : là brûlés en dehors par la chaleur du Soleil, & en dedans par les ardeurs de la fiévre, ils ne demandent que le ſecours le plus commun, l’eau qui ſe perd dans les ruës, & perſonne ne leur en donne, la charité eſt éteinte dans tous les cœurs : ces malheureux viennent expoſer leur miſere dans les Places publiques, comme dans les lieux les plus frequentés, dans l’eſperance que parmi ceux qui y paſſeront dans le jour, quelqu’un ſera touché de pitié pour eux ; & bien loin de-là chacun les fuit & les évite. S’il y paſſoit quelque Turc ou quelque Infidelle, il ſeroit certainement comme le Samaritain de l’Evangile, il laveroit leurs playes, & leur donneroit du ſoulagement, & par-là il mériteroit d’être appelle le prochain de ces ma-