Aller au contenu

Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
de la peſte de Marſeille


mais vû de ces ſortes de famines. Dans celles qui ſont particulieres, & dans une ſeule contrée, on trouve toûjours dans la charité, ou dans l’avarice de ſes voiſins, une reſſource à ſa diſette ou à ſon indigence ; & le plus grand mal qu’elles puiſſent faire, c’eſt d’obliger ceux qu’elles affligent, à chercher, par une vie errante & vagabonde, dans les pays étrangers, les moyens de conſerver une vie, qu’ils auroient vû finir dans la langueur, en reſtant dans leur propre pays.

Les malheurs de la contagion ſont bien plus accablans, plus longs, & plus affreux. C’eſt un ennemi implacable, dont les traits ſont d’autant plus dangereux, qu’ils ſont inviſibles & plus répandus, contre leſquels les précautions les plus exactes ſont ſouvent vaines & inutiles ; & tous les ſecours humains ne ſont qu’une foible reſſource : dans peu de jours, elle fait un déſert affreux de la ville du monde la plus peuplée & la plus opulente, & la remplit d’horreurs & de miſere. Le culte divin ſuſpendu, les Temples fermés, les exercices publics de Religion prohibés, les honneurs de la ſe-

A ij