diſcontinuer, où enfin le pieux Abbé[1]
qui y étoit enfermé, levoit nuit &
jour les mains au Ciel, & ſe répandoit
en oraiſons & en prieres au pied
des Autels, pour apaiſer ſa colere
ſur cette Ville infortunée. C’eſt ainſi
qu’autrefois St. Theodore Evêque de
Marſeille s’enferma dans cette Abbaye
pendant la peſte de 588. & que là il
ne ceſſoit point par ſes veilles & ſes
prieres d’implorer la miſericorde du
Seigneur ſur ſon peuple affligé. Telle
a été l’occupation de ce St. Abbé
pendant la contagion, il avoit employé
avant qu’elle arriva, des ſommes
conſiderables en œuvres pies &
en aumônes, il les continuë à préſent,
& il y joint le ſacrifice de ſes
larmes & de ſes prieres qu’il offre
nuit & jour au Seigneur, pour nous
le rendre propice. Il eſt neceſſaire que
dans des tems de calamité ; il y aye
des gens de bien, qui éloignés du tumulte,
& dégagés du trouble & de
l’embarras que traînent aprés eux les
malheurs publics, ſe donnent entierement
à la priere, & s’immolent eux-mêmes
en holocauſte de propitiation,
tandis que les autres ſe ſacrifient par
- ↑ Mr. de Matignon ancien Evêque de Condon.