y a le plus de cadavres ; il eſt obligé
de ſortir de ſon caractere, & de quitter
cet air de douceur, qui rend ſon
abord ſi gracieux. Il reconnoît bientôt
que les Forçats ne ſont guéres ſenſibles
aux manieres douces, & qu’il
faut crier & tempêter pour les faire
travailler. Le voilà donc l’épée à la
main, preſſant les uns, menaçant
les autres, courant par tout où ſa
préſence eſt neceſſaire ; & faiſant ceder
ſon temperament à ſon devoir & à
ſon zele, il ſe donne des mouvemens
infinis. Mrs. Eſtelle & Dieudé ſe livrent
à leur tour à cet exercice, &
animés du même zele, ils montrent
par tout la même activité. Ce ne
ſont point ici de ces lâches Magiſtrats,
qui fuyent, ou qui enfermés
dans l’enclos d’un Hôtel de Ville,
donnent de-là leurs ordres : ceux-ci ſe
prêtent à tout, ſe répandent dans
toute la Ville, ils ne connoiſſent plus
les dangers ; ils ſont maintenant auſſi
prompts à agir, qu’ils ont été lents
a croire dans les commencemens ; ils
n’épargnent ni ſoins, ni veilles, ni
fatigues pour ſauver la Ville. L’Hiſtoire
nous vante le courage & la va-
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Relation Hiſtorique