Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
Relation Hiſtorique


vient battre, il s’aperçût qu’il y avoit deux Baſtions, & regardant par une échancrure, il vit qu’ils étoient creux en dedans, & que ſi on pouvoit les découvrir, il ſeroit aiſé de débarraſſer cette Place, en les rempliſſant de cadavres. Il propoſe ſon projet à Mrs. les Echevins, qui l’aprouverent ; on lui donne cent Forçats pour cette expedition, il fait découvrir ces Baſtions, en faiſant ôter deux ou trois pieds de terre qu’il y avoit au-deſſus, & d’abord la voute ſe préſenta ; il la fait abattre, & elle découvrit un abîme profond, & capable de contenir tous ces cadavres. Cela fait, il diſpoſe ſon monde ſi à propos, & preſſe le travail avec tant de vigueur, que dans quelques heures, ces abîmes furent comblés de cadavres, ſur leſquels on jette de la chaux, & on recouvre les Baſtions de terre, comme ils étoient auparavant, & par-là, cette Place, dont l’abord étoit ſi formidable par l’infection, fût entierement nette. Parmi ces cadavres, combien y en avoit-il, dont les membres étoient déja ſéparés par la pourriture, & qu’il fal-