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de la peſte de Marſeille


qui ne ſoit ſignalée par quelque miracle ſemblable. C’eſt à ces ames ſaintes qu’il aime à ſe communiquer, c’eſt par elles qu’il ſe plaît quelques-fois à nous manifeſter ſes volontés. Il ne faut donc pas toûjours regarder les revelations qu’ont les perſonnes pieuſes, comme des viſions qui viennent plutôt d’une imagination forte & échauffée que d’une inſpiration divine ; mais auſſi il faut qu’elles ſoient fondées ſur une ſincere & ſolide pieté. Je ne ſçay ſi la revelation qu’eut une fille dévote de cette Ville pendant la contagion eſt de ce dernier caractere, mais quand elle ne le ſeroit pas, nous n’avons pas crû devoir nous diſpenſer de raconter ce qui s’eſt paſſé à ſon occaſion.

Une Fille d’une éminente pieté, ſe trouvant attaquée du mal, peu avant ſa mort communiqua à ſon Confeſſeur une Revelation, qu’elle prétendoit avoir euë. Ce Confeſſeur qui étoit un Religieux Obſervantin reſpectable par ſa pieté, à laquelle il joint toute l’habileté d’un ſavant Directeur, avoit éprouvé pluſieurs fois la vertu de ſa pénitente, & avoit