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de la peſte de Marſeille


n’y a point de maladie contagieuſe, & que celle-cy n’étant qu’une fiévre maligne ordinaire n’avoit d’autre contagion, que celle de la terreur qu’elle inſpiroit. Fortifiez dans leur ſentiment par celuy d’un Savant Medecin, auquel ils ne tiennent pas moins par les ſentimens d’eſtime qui luy ſont dûs, que par les liaiſons du ſang & de l’amitié, ils furent pourtant ébranlés à la premiere vûë de nos malades. Ils commencerent à chanceler, & n’oſant pas déclarer dans leur raport à S. A. R. que c’étoit la peſte, ils attribuent pourtant la propagation du mal au peu de précaution (diſent-ils) qu’on a priſe juſqu’icy de ſeparer les infectez de ceux qui ne le ſont pas. Précaution inutile ſi la maladie n’étoit pas contagieuſe. Ils la croïoient donc alors cette contagion. Ce fut bien pis quand ils revinrent à Marſeille y traiter les malades, car dans ce premier voyage ils n’a voient fait que les viſiter ſans en traiter aucun ; frapés de l’état de tant de malades, des accidens de la maladie, de ſa reſiſtance à tous leurs remedes, du grand nombre de morts,