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de la peſte de Marſeille


rité, ils contractoient bien-tôt la même maladie ; ce que ſaint Denis exprime d’une maniere, qui fait comprendre qu’ils le faiſoient de gayeté de cœur, & avec une liberté entiere ; ils pouſſoient même leur charité plus loin, ils fermoient dit-il, les yeux & la bouche aux mourans, ils lavoient les morts, les habilloient, & les portoient en terre ſur leurs épaules, & ceux qui leur rendoient ce pieux devoir le recevoient bien-tôt des autres qui éprouvoient bien-tôt le même ſort ; les Gentils, continue-t’il, faiſoient tout le contraire, dès que quelqu’un tomboit malade, ils le mettoient dehors, ils fuyoient ceux qui leur étoient les plus chers, & s’ils venoient à mourir, ils les jettoient dans la ruë, où il les laiſſoient ſans Sépulture, fuyant leur aproche crainte de la mort qu’ils ne pouvoient pas éviter avec toutes leurs précautions.

Tels ſont les motifs par leſquels on doit raſſurer le Peuple, infiniment plus puiſſants & plus propres à l’enhardir à ſe ſecourir les uns les autres en temps de peſte, que tous ces vains ſyſtêmes d’une nouvelle médecine, qui

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