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de la peſte de Marſeille


nul meteore, funeſtes préſages d’une calamité prochaine. A quoi donc attribuer cette infection de l’air, & l’étrange maladie dont on veut le rendre coupable ? Les Aſtronomes auroient-ils découvert quelque nouvelle étoile, ou quelque aſtre ſiniſtre, qui eût verſé ſes malignes influences ſur cette ville infortunée.

Les mauvais alimens ſont encore une ſource féconde de pluſieurs maladies populaires. La raiſon en eſt aſſez connuë ; on peut pourtant encore moins ſoupçonner cette cauſe que les autres. Jamais année plus fertile que celle-ci. Quoique le bled & toutes les autres denrées ayent été un peu cheres, c’étoit moins par la diſette que par le prix exceſſif de l’argent. Le peuple de Marſeille n’a jamais tant gagné que cette année, où les rembourſemens avoient mis les riches dans la neceſſité de faire de nouvelles entrepriſes, à bâtir de maiſons, en culture des terres, & en commerce pour conſerver leurs fonds ; & tous ces travaux, dont le prix étoit conſiderablement augmenté, avoient procuré des gains immenſes aux pau-

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