qui entretenoit l’incredulité publique
ſur la maladie, c’eſt qu’on raportoit
que pluſieurs malades rejettoient
quantité de vers par le haut & par le
bas. Il n’en fallut pas davantage pour
achever de décrier les Medecins,
pour confirmer les indignes ſoupçons
qu’on avoit formé contr’eux, & pour
faire regarder la maladie comme une
fiévre de corruption, cauſée par les
fruits & par les mauvais alimens.
Ce qui fortifioit cette fauſſe opinion, c’eſt qu’on ne voyoit dans ces premiers tems, que des enfans & de pauvres gens attaqués de cette maladie. La peſte, diſoit-on, s’en prend à toute ſorte d’âge & de condition, elle fait bien d’autres ravages. On vouloit voir les hommes tomber morts dans les ruës, les riches attaqués comme les pauvres, & le mal ſe répandre avec impetuoſité dans toute la Ville. Attendez, peuple incredule, & vous verrez plus que tout cela ; un affreux carnage va bientôt forcer vôtre aveugle incredulité. Déja des morts ſubites ſont annoncées de toute part ; déja le feu de la contagion a pris aux quartiers les plus reculés,