Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 10, Le jour des mes Pâques, 1916.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est pour garder ma pièce, que je réponds en la montrant.

— Oho ! vous êtes déjà là avec ça. C’est bon, vous aurez la pièce ici aussi.

Et elle se lève en oubliant de parler en français, et elle dit :

On sé çou qu’ c’est dè viquer, mon Diu, et ji n’ mi laireus nin fer l’affront dai !

Elle a pris sur la cheminée une petite affaire enveloppée dans un morceau de papier blanc :

— Voilà. Prenez ça. C’est pour le jour de vos pâques. Et maintenant, soyez bien brafe. Vous êtes un grand jeune homme à c’t’heure. N’allez plus baligander avec des chinisses comme celui de chez Djôre. Vous avez entendu prêcher l’curé, est-ce pas, et ce que Napoléon a dit pour le jour de ses pâques. Et vous pouvez bien me dire merci, sa’ez-vous !

— Merci, ma tante, que je dis fort haut comme si je criais après quelqu’un. Et je pars en serrant ce qu’elle m’a donné dans ma main, que je parie que c’est cinq francs parce que je sens déjà comment ça est une pièce de cinq francs.

Oui, j’ai ôté le papier, c’en est une. Je gratte les deux pièces ensemble, puis je les mets devant mes yeux comme des beriques, puis dans ma bouche, puis je les fais un peu rouler sur le petit sentier par où que je vais chez mon pârain. Puis je les fais sonner dans mes mains, je joue à la deye avec, puis au bouchon, puis je les remets dans une autre poche et puis il m’ faut encore les reprendre pour les regarder et il m’ semble mainte-