Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 7, Mal de dents, 1916.djvu/17

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de montre au bout. Je crois qu’il va me battre pour ça ; mais il rie et me donne un verre avec de l’eau rose.

— Rincez et crachez là-dedans, dit-il, en faisant tourner comme un beau petit traiteu, qui tient tout seul sur un tuyau qui va dans le mur. Car voilà que je viens d’avaler quelque chose de chaud et mauvais qui était dans ma bouche. Je crache, c’est tout rouge.

— Habie, mon onke, au secours ! je vais mourir, que je crie.

Taiss-tu, biesse, ti n’pous mâ, à c’t’heure, vola qu’c’est tot.

Le monsieur me fait boire l’eau rose qui est bonne comme une pastille de menthe, c’est tout frisse, je la fais courir dans toute ma bouche, puis je la lance dans le traiteu. Ça commence à m’amuser.

— Et voici votre dent, mon petit ami.

Le monsieur l’a mis dans de la watte rose, dans une toute petite boîte d’apothicaire à pilules et il me la donne pour rien. Je joue avec, pendant que mon oncle commence à marchander comme il fait toujours.

Vos l’avez avou aheyemint, sin nolle trikoisse ni nou windai, et il m’sonle qu’avou on d’meie franc…

— Impossible, Monsieur, voyez plutôt, et il montre au mur, près d’un bon Dieu, un tableau où il est marqué Prix fixe. Mon oncle grogne un peu, puis donne une petite cahotte de pièces.