Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 8, Bai Èfant, 1916.djvu/9

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tout le temps. À peine qu’on la ressuyé et reséché, qu’il recommence sans rien dire, comme pour faire une bonne farce. Il y a toujours des loques et des affaires qui sèchent devant le feu maintenant, c’est da lui, et ça fume et ça sent mauvais et on les met souvent tout près des marmites avec les affaires qu’il nous faut manger, nous autres.

Ci n’est nin mâci quand c’est d’ine èfant, que Trinette dit quand je voudrais bien pousser ces cliquottes-là un peu plus loin.

C’est Trinette qui joue tout le temps avec et l’arrange quand il s’a encore une fois sali et déplaqué. Elle le prend sur ses genoux, et le met que sa tête pende à l’envers et il reste comme ça sans être tournisse ni avoir mal au cœur, et alors elle ôte des épingles, elle déroule les fahes et on voit qu’il a un gros petit ventre tout bodé avec une grosse botroulle qui sort. Et elle embrasse dessus en riant, elle fait comme pour le manger tout.

Hein ! binamé p’tit voleur, ji t’kihagn’reu vormint.

Et le p’tit rie si droldement en faisant une grande bouche sans dents, puis fait des petites hiquettes comme s’il avait avalé une pirette. C’est rire, ça, pour lui, mais quand elle ne le chatouille plus et le frotte fort, ses jambes et son dos, pour le renettoyer, il fait presque la même figure, mais c’est pour pleurer. Qu’il est bête. Et moi, je vais un peu plus loin, pour regarder, et je bouche mon nez avec mon poing parce qu’il sent mauvais, mais Trinette est fâchée quand on fait ça.