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Les lettres qui forment le texte de ce livre m’ont été remises par un officier d’auto-mitrailleuses à Damas. Il les tenait d’un de ses hommes. Ce soldat les avait trouvées en novembre dernier, lors des tragiques inondations de Syrie, parmi les restes d’un village arabe, en plein désert, après l’effrayante coulée torrentueuse, qui à la vitesse de quatre-vingts kilomètres à l’heure, emporta tout sur son passage.

Elles étaient dans un petit coffret de bois de cèdre, lui-même au fond d’un sac en peau de mouton. L’eau ne les avait pas atteintes. L’officier a cherché longtemps, sur place et dans les parages, à qui elles ont pu appartenir. Personne, ni soldat ni religieux, n’a souvenir d’une infirmière, qui dans le désert syrien portait le beau nom d’Hélène.

Mai 1938.