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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/181

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16 juillet 1937.

Chère amie, réjouissez-vous : voici une lettre moins longue que la dernière. Il est toujours plus long d’exposer des idées que des faits. J’avais la prétention, il y a trois jours, de vous confier des idées. Aujourd’hui, ce sont des faits, et… qu’il faut s’abstenir, je pense, de commenter !

Je vous écris ; après quoi je vais dormir. Dormir un jour ou deux. Je voudrais m’enfoncer dans le sommeil et l’oubli ; ne pas manger, ne plus voir la lumière, ne pas rencontrer d’humains avant… quarante-huit heures. Ne riez pas ; vous trouvez que c’est peu ? La vie est brève ; il faut tout proportionner à sa brièveté ; si je dors profondément, ce sera beaucoup.

Je vous avais dit : « Je pars pour Pont-sur-Indre. » Je suis parti. J’ai trouvé là-bas Saint-Remy et sa femme devant la gare.

— Comment ? leur ai-je dit. Ce n’est pas moi que vous attendez ?

— Ne m’enlevez pas mes illusions ! s’est écrié Saint-Remy, me donnant une accolade,