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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/189

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ACCIDENT

Je réfléchis. Je vis mon enfant dans la montagne, vous dans le désert ; la petite statuette du Ravi sur la cheminée de ma chambre. Avec mon instinct, plus fort que tout, je retrouvais des raisons de vivre. Je lus sur une borne : « Méran, 4 kilomètres. » Le chemin de fer passe à Méran. Je n’avais qu’à y aller. Je ne reverrais personne. Pas de paroles inutiles et cruelles. Et je marchai vite, en me disant :

— Ils ont failli me tuer. J’ai bien le droit de disparaître, comme si j’étais mort !

Hélène, profitez du soleil, et portez-vous bien !